Très belle édition que le Printemps des Fameuses 2019 sur la journée du 22 mars à Nantes.
Des rencontres d’exception, des conférences de qualité, de l’humour bien dosé et des réflexions étayées de chiffres et argumentées : un savant cocktail pour avancer sur la mixité et la place de la femme dans notre société.
Pour démarrer, en vrac et sans priorité, quelques stats : 50% de femmes dans un monde dominé par les hommes ! Dit avec des chiffres : dans le monde 60% de la production de richesses sont effectués par les femmes, qui ont 3% des richesses et seulement 1% de la propriété ! Statistiques mondiales que l’Europe casse évidemment mais balayons aussi devant notre porte.
Après une mise en scène en musique et en dialogues croustillants, la matinée démarre avec une conférence. L’intervention d’une historienne, Muriel Salle, qui a le chant juste, nous apprend que l’histoire du féminisme n’a pas été écrite et que ce sont les témoignages et la transmission qui permettent de faire vivre un concept ! A vos citations, mesdames qui ont fait avancer la cause pour créer des rôles modèles pour nos filles et qu’elles n’aient pas l’impression de devoir tout recréer ! Cela m’a fait penser aux réflexions de Christel Mouchard et Alexandra Lapierre « Elles ont conquis le monde – Les grandes aventurières » qui montraient bien que ce sont les expériences de celles qui ont écrit leur mémoire ou voulu transmettre leurs aventures qui ont traversé l’histoire.
La matinée se poursuite en atelier, avec une économiste éclairante et motivée, Hélène Périvier, qui nous explique les initiatives de certains pays européens sur la gestion du congé parental, parfois obligatoirement partagé entre mère et père, parfois rémunéré. Où on apprend que la France est le champion européen pour l’offre de prestation d’accueil des tout-petits. Où on retrouve le dilemme allemand : travailler ou avoir un enfant. Où on voit que les pays nordiques laissent l’enfant « à la maison » jusqu’au 18 mois, d’où l’obligation de s’organiser entre parents ! La solution semble un savant cocktail des différentes solutions et surtout un engagement fort des gouvernements pour suivre l’objectif visé : permettre aux femmes de rester sur le marché du travail en jouant aussi le rôle de parent, tout en le partageant « à égalité » avec le père.
Deux représentantes du collectif d’actrices de plus de 50 ans, la commission AAFA-Tunel de la comédienne de 50ans, nous ont montré chiffres à l’appui l’incohérence du monde de la création visuelle et théâtrale : les femmes représentent 50% des adultes de + de 50 ans et pourtant seulement 8% des actrices ont plus de 50 ans à l’écran ou sur les planches. Comme le disent ces dames : « Sans représentation, on n’existe pas ! »
Le Printemps des Fameuses, c’est beaucoup d’humour avec la journaliste du podcast sur Binge Audio « les couilles sur la table », Victoire Tuaillon, qui amène à conceptualiser et à se représenter les masculinités. Pertinent et impertinent ! Un joyau de réflexion et d’humour.
Humour qu’on retrouve avec Laurent Sciamma qui nous parle de sa sœur, réalisatrice et de la montée des marches à Cannes de ces 82 femmes, comme les seules césarisées contre 1688 hommes depuis les débuts du Festival en 1949 : no comment !… Humour jaune avec Didier, Dr Kpote, animateur de prévention qui prêche la bonne parole dans les écoles et doit encore casser des stéréotypes liés à la culture du X qu’ont nos enfants de plus en plus jeunes.
Humour encore avec Alain Labonté et Pénélope McQuade, auteurs de « Moi aussi j’aime les femmes » (éditions Stanké), qui nous apportent un souffle d’air frais du Canada, où la mixité hommes-femmes pose aussi problème, comme la mixité sexuelle et raciale.
Belle journée, jusqu’à la clôture de Jacques Toubon, Défenseur des Droits, qui amène bien des pistes d’action et s’oppose à la légalité pas toujours suivie par les acteurs du droit et de la politique et surtout pas toujours « descendues » dans les usages au quotidien. On en revient toujours à cela : motiver le cœur des acteurs de la mixité, dans leurs usages, dans leur quotidien. La loi est là pour cadrer et pour aider à faire respecter le droit. Mais la morale vient bien de l’individu ! Retour à l’école et dans les familles… l’enjeu est fort.
Le Printemps des Fameuses, c’est l’occasion de se questionner, de réfléchir, de chercher des solutions et de créer des synergies pour avancer sur la question de la femme dans notre société. Rendez-vous est pris pour mars 2020 pour poursuivre réflexions et actions !