Il y a un siècle – le 8 février 1919 -, un avion transporte des passagers privés de Paris à Londres. Une grande première que ce vol commercial international, appelée à prospérer hors de toutes proportions dans le courant du siècle…Revenons au vol historique de notre Goliath – ce Farman 60 agencé en transporteur civil – et à ses 12 clients privés. De leurs hublots, ces pionniers aperçoivent déjà les côtes britanniques et la grasse campagne d’Angleterre. Tout se passe au mieux : après un vol de deux heures trente-sept sans encombre – hormis d’assez violentes rafales de vent tout de même – l’appareil se pose aux portes de Londres, à Kentley, non loin de Croydon. Peu après 14 h 15 ! Succès total : avant ce jour historique, relier les deux capitales par train et par bateau prenait au bas mot sept heures. Le lendemain, le 9 février, le vol retour sera un peu moins rapide, du fait de vents contraires.
Mais Lucien Bossoutrot ne s’en tiendra pas là : quatre jours seulement après ce vol inaugural en direction de Londres, il opère la liaison entre Paris et Bruxelles.
Quant à Bossoutrot, l’homme du Paris-Londres, qu’est-il devenu ? Il se distingue dans l’ouverture de lignes toujours plus audacieuses. Le 11 août 1919, il ouvre – toujours au départ de Toussus-le-Noble – la ligne vers Casablanca : 1870 kilomètres, puis, en 1923, celle vers Dakar, qui comprend notamment un long et périlleux survol du Sahara. À cette occasion, une panne d’hélice l’oblige d’atterrir sur une plage mauritanienne, et il ne sauve la vie de son équipage qu’au prix d’une pratique courante… de l’espéranto ! Après une vie d’exploits – dont sept records du monde battus en novembre 1925 – et d’engagement politique, celui qui aura été l’ami de Malraux, de Trenet, de Maryse Bastié ne s’éteindra qu’à l’automne 1958.
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