Le regard de préhistoriens sur la division sexuée des rôles dans la société

Dans un article précédent, j’abordais la vision de Pascal Picq (« Et l’évolution créa la femme » aux éditions Odile Jacob). Dans un registre proche, bien que l’approche soit plus globale et retrace l’histoire de l’invisibilité de la femme, l’essai de Marylène Patou Mathis (« L’homme préhistorique est aussi une femme » aux éditions Allary) est intéressant.

Les évolutions depuis le Néolithique

Tout porte à croire en lisant Pascal Picq ou Marylène Patou Mathis que les violences internes aux groupes humains soient apparus avec la sédentarisation et au Néolithique**.

Je cite l’auteure : « Les premières traces de violences collectives semblent apparaître avec la sédentarisation des communautés, qui débute il y a environ 14000 ans, et augmenter au cours du Néolithique, période marquée par de nombreux changements environnementaux (réchauffement climatique), économiques (domestication des plantes et des animaux qui permet un surplus de denrées alimentaires – attesté par leur lieu de stockage), sociaux (apparition des élites et des castes et leur corollaire, la hiérarchisation et les inégalités) et de croyances (apparition de divinités et de lieux de culte). Cette violence pouvait être due à des facteurs multiples : situations paroxysmiques liées à une crise (démographique, politique, épidémiologique), rites sacrificiels (de fondation, propitiatoires ou expiatoires), motifs psychologiques (vengeance suite à une vexation ou une insulte, volonté de domination). On constate que les femmes et les enfants en seraient les principales victimes. »

A priori, ce que précise Marylène Patou Mathis, c’est que les connaissances actuelles sur le Paléolithique (antérieur au Néolithique) ne permettent pas de contredire l’idée de sociétés plutôt sans violences en interne et avec une place de l’humaine plutôt équilibrée : la femelle australopithèque par exemple peignait dans les cavernes (cf les mains négatives peintes et majoritairement féminines selon une étude de 2007 dans des grottes françaises et espagnoles), chassait (il est même évoqué la possibilité qu’elle courre devant la proie pour que le mâle tue). Plus tard, en Gaule, les femmes (sans enfant) accompagnaient les hommes à la chasse et à la guerre.

Au Paléolithique, les représentations rupestres montrent beaucoup de « femelle reproductive ». Il se peut que les humains de cette époque-là n’aient pas compris le rôle du mâle dans la reproduction. Il se peut aussi que les divinités principales soient féminines, comme l’attestent les mythologies de plusieurs continents. Dans tous les cas, « loin du tabou [de la nudité et du sexe féminin], les « artistes » du Paléolithique supérieur ont représenté non seulement le corps nu (féminin et masculin), mais aussi l’organe sexuel visible, la vulve et le phallus. » Et « quoi qu’il en soit, parmi les représentations anthropomorphes, les images féminines sont de loin les plus nombreuses et même les seules avant le Magdalénien » (entre -15000 et -13500 ans).

Le Paléolithique n’était pas non plus l’Eden perdu ! Il y avait des échanges de femmes et de jeunes, à priori, pour « sceller des alliances entre groupes, alliances nécessaires à la survie de ces petites communautés dispersées sur de vastes territoires. »

Les projections avec la religion

Tout porte à croire en lisant ces deux anthropologues que les religions monothéistes ont posé les bases de cette coercition de la femme dans la société humaine.

Marylène Patou Mathis explique que c’est la religion juive qui a « détroné » Marie (une vierge ! comme pour les humains préhistoriques) en la rendant femme et non divinité. Idem pour le concept du péché originel d’Eve ! L’homme aurait donc inventé un Dieu invisible et tout puissant pour remplacer des divinités féminines et « réelles ».

Le rôle de la religion n’est pas neutre, peu s’en faut. L’auteur rappelle que « dans la mythologie égyptienne, c’est un homme, Seth, qui commet le péché originel, et une femme, Isis, qui sauve l’humanité ; chez les Celtes, le monde terrestre est régi par un principe féminin omniprésent, Dana la déesse mère, dont les femmes sont les messagères auprès des hommes ». Et pourtant, la misogynie des traités de théologie morale chrétienne des XIVè et XVè siècles conduira à la persécution des « sorcières », qui fera en Europe des dizaines de milliers de victimes. … A partir du XVIIè siècle, le thème du péché cède le pas à celui de la « nature féminine » qui serait déraisonnable (dénuée de raison), voire « immorale ».

Même la science s’y est mise ! Déjà, les premiers dictionnaires martèlent la différence entre homme et femme. Dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert de 1750, « sexe » ne concerne que la femme. Au début du XIXè siècle, Maryse Patou Mathis rappelle qu’« elles sont plus nombreuses que les hommes dans les espaces réservés aux fous dans les hôpitaux ». Le passage sur les expériences de mesures du cerveau des femmes est hallucinant. Au milieu du XIXè siècle, des scientifiques démontrent que le cerveau féminin est moins volumineux et moins lourd, preuve pour eux que la femme est inférieure car moins intelligente. Il faut attendre la fin du siècle pour que M. Manouvrier montre que la différence de cerveau est liée à la différence de taille des individus ! Et il sera mis au banc de ses pairs à l’Académie de médecine !

La perception des différences essentielles

Tout porte à croire aussi que la notion de la perception du sang est au cœur de la séparation des tâches dans le groupe et la répartition des tâches : la femelle donne vie et perd du sang, le mâle prend la vie et verse le sang. D’où un partage dans la chasse avec les armes contendantes pour les mâles et les massues pour les femelles.

On voit là le problème de l’interprétation qu’évoquait déjà Pascal Picq. Les scientifiques qui ont étudié la préhistoire étaient des hommes jusque dans les années 1970. Peu de femmes portaient leur voix sur ces recherches. Et certaines paléontologues étaient inversement trop féministes ou « gyné-morphiques » versus l’androcentrisme trop pratiqué par les collègues et qui amènent aux théories d’un matriarcat originel ?!!! On se souvient de ces squelettes nommés « guerriers » parce qu’entourés d’armes et que les analyses ADN ont renommés « guerrières ». On peut rappeler aussi le classement de « femmes robustes » dans la case des hommes à la seule analyse du squelette. Selon les dernières recherches, « peu de tâches sont basées sur la force physique, en réalité, presque toutes les tâches de la préhistoire requièrent des compétences possédées de façon équivalente par les sexes ». Marylène Patou Mathis rappelle que Darwin l’avait déjà noté : « chez tous les peuples barbares, les femmes sont forcées de travailler au moins aussi laborieusement que les hommes ». Comment ne pas réaliser les déplacements lors des migrations saisonnières, les distances parcourues pour la cueillette, le ramassage du bois, la recherche de l’eau. « La chasse induit l’existence au sein des communautés de relations d’entraide (partage, coopération, solidarité), mais aussi de complémentarité entre individus ».

Du lien avec les migrations pour la propagation de l’androcène

L’histoire des migrations et de la colonisation peut faire penser à cela aussi : de nombreuses sociétés indiennes étaient matrilocales et les tâches étaient bien réparties mais la violence n’avait pas lieu dans le groupe. Les sociétés patriarcales sont arrivées et ont exterminées ces sociétés plus pacifiques. On retrouve ce phénomène sur d’autres continents. Et cela rappelle ce que précisait Pascal Picq avec le rappel du calendrier des migrations en Europe, liées aux glaciations.

En lisant ces scientifiques avertis, nous pouvons tabler que d’autres paléontologues étudient bientôt les civilisations d’autres continents que l’Europe, qu’ils reviennent en Afrique, berceau de l’humanité, qu’ils s’inspirent des cultures du Nord où les femmes étaient des guerrières aussi, des cultures amérindiennes où les tribus étaient matriarcales, des peuples asiatiques avec les Amazones. Il faut repenser l’Histoire en laissant le féminin prend la place qu’il avait et non celle qu’on souhaite lui donner aujourd’hui, tout empêtrés que nous sommes dans nos aprioris et notre culture !

Mais il est crucial de se reposer cette question : si la coercition envers les femmes est plus liée à une éducation et une emprise sociétale plus qu’à un déterminisme naturel, « le patriarcat est un système social qui opprime les femmes […et] aliène aussi les hommes en faisant peser sur eux « l’obligation de la force, le combat, la puissance ». » Il faut sortir de nos préjugés et imaginer un équilibre vertueux pour nos enfants.


** : le Paléolithique (l’âge de la pierre taillée) s’étend jusqu’à -9600 ans (Mésolithique, période de transition) et le Néolithique (l’âge de la pierre polie) démarre en -6000 ans et se termine vers -2200 ans à l’âge de bronze.

sur l’écologie : opposition de paradigmes sur la gestion des forêts en Asie

Pour comprendre l’opposition en Asie sur la gestion des forêts, un très bel article de Terrestres dont cet extrait est très éclairant :

« Le paradigme de l’amélioration de la vie émerge de la forêt et des communautés forestières, celui de la destruction de la vie émerge du marché. Le paradigme de l’amélioration de la vie crée un système forestier durable et renouvelable, qui soutient et renouvelle les systèmes alimentaires et hydriques. Le maintien des conditions de renouvellement est le principal objectif de gestion du premier paradigme. La maximisation des profits par l’extraction commerciale est le principal objectif de gestion du second. Puisque la maximisation des profits est consécutive à la destruction des conditions de renouvellement, les deux paradigmes sont cognitivement et écologiquement incompatibles. »

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une pépite française bien ambitieuse

UBISOFT : une pépite française dont l’origine est bretonne… est bien ambitieuse !

Un article de septembre 2022 de Siècle Digital reprend les propos de son fondateur, l’un des frères Guillemot qui  ont créé « Guillemot Corporation » dans le Morbihan, autre société exportatrice dans le multimedia.

Sur leur site web, on retrouve la saga familiale : « Bien qu’Ubisoft compte aujourd’hui 21 000 employés dans ses bureaux et studios à travers le monde, tout a commencé avec une famille : Yves Guillemot et ses quatre frères qui travaillaient dans l’agriculture en Bretagne »

Et puis le 11 janvier 2023, c’est la douche froide : l’éditeur a annoncé dans un communiqué qu’il baissait nettement ses perspectives pour l’exercice 2022-2023. Les ventes des 2 jeux phares lancés fin d’année sont « bien inférieures aux attentes ». Au lendemain de cette révélation, la valeur des actions de l’entreprise a chuté de 16,42 %. Le chiffre d’affaires perd 6 millions d’euros en 1 trimestre.

Yves Guillemot reste confiant, mais les investisseurs semblent moins l’être.

 

L’investissement des marques dans le metavers

Metavers, on en reparle avec cet article de E-MARKETING qui donne les tendances dans les investissements des entreprises sur ce nouveau modèle :

Les trois projets dans lesquels les marques investissent le plus sont : la crypto (18%), les NFTs (15%) et le travail à distance (14%).

à philosopher !

METAVERS : premier metastore aux Etats-Unis

Pour revenir sur le METAVERS, voici une info sur l’ouverture aux US du premier META STORE… pour rendre accessible le virtuel !!!

à découvrir sur l’article de Siècle Digital !

                  

 

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croissance du cloud

Selon une étude de GARTNER, le marché du cloud computing poursuit son expansion, pour passer de 1 300 milliards de dollars à 1 800 milliards dans 3 ans.

La crise sanitaire et les pratiques commerciales bougent les usages en la matière… virtuelle !

A retrouver sur Siècle Digital !

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Retour sur l’aviation commerciale

Il y a un siècle – le 8 février 1919 -, un avion transporte des passagers privés de Paris à Londres. Une grande première que ce vol commercial international, appelée à prospérer hors de toutes proportions dans le courant du siècle…Revenons au vol historique de notre Goliath – ce Farman 60 agencé en transporteur civil – et à ses 12 clients privés. De leurs hublots, ces pionniers aperçoivent déjà les côtes britanniques et la grasse campagne d’Angleterre. Tout se passe au mieux : après un vol de deux heures trente-sept sans encombre – hormis d’assez violentes rafales de vent tout de même – l’appareil se pose aux portes de Londres, à Kentley, non loin de Croydon. Peu après 14 h 15 ! Succès total : avant ce jour historique, relier les deux capitales par train et par bateau prenait au bas mot sept heures. Le lendemain, le 9 février, le vol retour sera un peu moins rapide, du fait de vents contraires.

Mais Lucien Bossoutrot ne s’en tiendra pas là : quatre jours seulement après ce vol inaugural en direction de Londres, il opère la liaison entre Paris et Bruxelles.

Quant à Bossoutrot, l’homme du Paris-Londres, qu’est-il devenu ? Il se distingue dans l’ouverture de lignes toujours plus audacieuses. Le 11 août 1919, il ouvre – toujours au départ de Toussus-le-Noble – la ligne vers Casablanca : 1870 kilomètres, puis, en 1923, celle vers Dakar, qui comprend notamment un long et périlleux survol du Sahara. À cette occasion, une panne d’hélice l’oblige d’atterrir sur une plage mauritanienne, et il ne sauve la vie de son équipage qu’au prix d’une pratique courante… de l’espéranto ! Après une vie d’exploits – dont sept records du monde battus en novembre 1925 – et d’engagement politique, celui qui aura été l’ami de Malraux, de Trenet, de Maryse Bastié ne s’éteindra qu’à l’automne 1958.

à découvrir sur Historia !

Tribune libre sur la démocratie

Dans la série « tribune libre », voici quelques réflexions autour de « Platon à la plage » aux éditions Dunod, écrit par Hélène Soumet.

De la démocratie…

Platon, grand défenseur de la démocratie est devenu à la fin de sa vie plus mitigé et revient sur les valeurs de cette organisation face à la versatilité du peuple (paysage qu’il brosse dans sa comédie « les grenouilles »). Une idée qui pointe sur l’actualité et au comportement de certains citoyens qui ont sans doute oublié le sens du civisme !

Platon est même très dur quand il exprime le fait que « c’est une folie que de confier le sort de la cité aux citoyens ignorants. La démocratie est dangereuse pour la cité parce que c’est le règne de l’incompétence. Comme si le peuple savait…

Le pire des maux pour la cité serait, pour Platon, que le pouvoir soit donné à ceux qui le convoitent, motivés par le désir de puissance et peu soucieux du bien commun.

La vision de la place de la femme dans l’histoire

Petit retour en arrière… ou « les aprioris ont la vie dure »…

Dans le numéro spécial Historia sur les femmes qui ont fait bouger la France, je lis dans l’article sur Blanche de Castille (1188-1252), mère de Saint-Louis, a eu cinq enfants, tous rois ou reines. Je lis aussi :

« La reine, bien entendu, n’a rien d’une personnalité effacée »,

puis « Sans autre titre que reine de France, Blanche continue de gouverner aux côtés de son fils. C’est à elle, tout naturellement, qu’il [Louis IX, « Saint-Louis »] confie le royaume  à son départ en croisade en 1248. » Puis plus loin : « De fait, les chroniques montrent toutes que Blanche est impliquée dans l’ensemble des grandes affaires ».

Mais bien sûr ! Pourquoi préciser qu’elle serait exceptionnelle ! Sans nul doute ! Elle a pris son rôle au sérieux, comme tout dirigeant ! Au XIIIè siècle, dans l’Histoire de France, même si c’est toujours l’aîné qui reprend le trône, cet aîné peut être une aînée. Et il y a de nombreuses histoires de couples royaux !!

Nous regardons souvent l’Histoire avec nos yeux bordés d’œillères pour ne voir que notre pré-carré ! Bien sûr que les filles ou épouses de rois régnaient ! Ce n’est qu’avec la loi salique du début du XIVè siècle que la succession uniquement masculine a été gravée dans le marbre et jusqu’à la fin de la monarchie.

Petit focus : Philippe comte de Poitiers, second fils du roi Philippe IV « le Bel », ressort un texte de loi (Vè siècle sous Clovis 1er) à la mort de son frère, Louis X en 1316 (devenu roi 2 ans plus tôt), pour « voler » le trône à sa nièce alors âgée de 5 ans. Malgré la bataille menée par la grand-mère de l’enfant, la loi salique est promulguée, Philippe V « le Long » devient roi avec l’aval de la noblesse.

Par la même, il écarte du trône le roi d’Angleterre, Édouard III qui est descendant de Philippe IV par sa mère. Cette décision est un des motifs qui conduisit à la guerre de 100 ans.

Par contre, un comble : Philippe V meurt en 1322, sans héritier mâle pour lui succéder. C’est donc son frère, Charles (futur Charles IV) qui va bénéficier du précédent créé par Philippe en 1316 et qui lui succède sur le trône.

Donc, on peut bien imaginer qu’avant cette forfaiture politique, les femmes avaient accès aux postes les plus élevés de la gestion du pays quand elles étaient de la famille royale ! Blanche de Castille a donc fait son « job » quand c’était nécessaire, comme toutes les femmes à l’époque, qui avaient un métier sans être seulement la fille ou la femme de, qui partaient en croisade sans être la fille ou la femme de !

Essayons de voir la réalité sans œillères, sans à-priori. Et ne pas juger des différences de perception ! Non le Moyen-âge n’est pas barbare, non la Renaissance n’a pas fait sortir la France de sa fange ! Nous avons encore bien des choses à découvrir pour illuminer cette période !

Une vision sur la parité en politique

Étonnante remontée dans le temps avec la lecture de la vision de Simone Veil sur la parité en politique… intéressant 15 ans après ces propos de voir que la situation n’a pas beaucoup changé ! À relire sa biographie (« une vie » – éditions Stock – 2007), on a l’impression que cela n’a pas beaucoup changé :

Voici quelques lignes reprises :

p 300-302 sur la parité : « je suis favorable à toutes les mesures de discrimination positive susceptibles de réduire les inégalités de chances, les inégalités sociales, les inégalités de rémunération, les inégalités de promotion dont souffrent encore les femmes. … Il est inutile de proclamer la discrimination positive à son de trompe. Il est préférable de la pratiquer. … en dépit de l’aménagement constitutionnel intervenu à l’époque, les formations politiques persistent à méconnaître la règle, chaque fois qu’elles le peuvent, préférant payer les pénalités prévues.